Des Nouvelles de la Villederie #4
Bonjour !
Pour rappel, nous étions début juin au tout commencement des travaux. Nous voulions isoler notre toiture à la paille et aménager l’étage de la maison pour y faire un deuxième espace de vie et deux chambres.
Afin de faire place aux travaux, nous avons cessé d’occuper la maison et investi une des granges pour y établir un lieu de vie temporaire : un espace cuisine avec deux longues tables où nous avons pu partager de grands repas, un espace salon, terrain pour les parties de coinche et autres jeux, un tissu aérien, des canapés, un vidéoprojecteur et j’en passe. Avec une grande entrée donnant sur la cour, et une large vue sur la toiture et son avancement.
Lors des jours les plus chauds, nous sommes souvent allés nous baigner dans la Tardes, se rafraîchir un coup avant de reprendre, ou bien alors partir en excursion en canoë.
Tout au long de l’été, on a eu le plaisir de recevoir de la visite, amis, famille, voisins, wwoofeur.euses. Tout le monde a joyeusement mis la main à la pâte dans les travaux, participé aux réflexions. C’était une période riche en apprentissages, partage de connaissances et découvertes.
Je suis très tenté de vous raconter tous les détails de notre chantier, mais peut-être que ce long sujet ne maintiendrait pas en haleine certain.e.s d’entre vous. Contentons-nous d’un récit en survol, et peut-être dédiera-t-on un post plus technique et fourni pour les plus curieux.ses.
Les travaux ont commencé par une impressionnante phase de déconstruction : mise à nu de la toiture, démolition de la cheminée, retrait du sol à l’étage, tombée des cloisons pour agrandir la pièce principale.
Il s’ensuivit une phase de renforcement de la charpente et d’enduits intérieurs.
Vint enfin l’heure de recouvrir notre maison des multiples couches qui constituent notre toiture : un lambris pour la face intérieure, un frein vapeur, de la paille et des poutres en I pour la couche isolante, enfin, OSB, pare-pluie, litelage et tuiles pour l’étanchéité.
Durant toute cette période, notre maison restait vulnérable à la pluie. Alors même que des records de précipitation s’enregistraient mois après mois, nous avons passé l’été les yeux rivés sur les diverses prévisions météo, à profiter autant que possible des courts créneaux de beau temps. Les bâchages et débâchages ont rythmé notre quotidien et sollicité un temps et des efforts conséquents. Dire que l’année dernière, il n’a presque pas plu de tout l’été…
Si je devais partager des moments qui m’ont marqué.
Je vous raconterais la récolte des bottes de paille… Mi-août, nous avons bottelé et récolté la paille sur le champ d’un voisin. Jean et Célia passaient la botteleuse, disséminant des bottes de paille sur toute l’étendue de la parcelle. Pendant ce temps, nous nous relayions par équipe de quatre pour ramasser celles-ci. Nous ne disposions que de peu de temps avant la prochaine pluie qui compromettrait alors l’humidité de notre isolant. Dans la chaleur de l’été, nous chargions le camion au pas de course et ce plus que de raison. Une fois rentrés, nous déchargions dans le hangar, improvisant un édifice de paille qui atteindra cinq mètres de haut. Après une vingtaine d’allers-retours, deux journées intenses, nous avons stocké à l’abri 700 bottes de paille.
Le jour où, au beau milieu de l’été, on a décidé de changer la forme du toit… Depuis longtemps, nous nous sommes posé la question des ouvertures que nous souhaitions à l’étage. Des velux ? Des lucarnes jacobines ? Où ? Combien ? Simplicité vs charme et cachet. Autant de questions pour empêtrer huit personnes dans le désaccord et l’indécision. Nous ne nous sommes pas démontés pour autant. Après de très longues délibérations, une idée folle a levé l’aporie. Une grande baie vitrée sur toute la largeur du toit ! On est très contents du résultat :
Lorsqu’à deux doigts d’avoir protégé notre toit, la tempête a eu raison de notre bâchage… C’était mi-octobre, après trois jours de beau où nous avions posé toute la paille du premier pan de toit. Il pleuvait ce jour-là, nous en profitions pour un repos bien mérité. En fin d’après-midi, une tempête s’est lentement approchée, puis le vent et la pluie ont envahi l’espace. Les gouttes remontaient les tuiles des granges, et tombaient là où, jusque-là, nous avions toujours été au sec. Nous scrutions accablé.e.s notre bâchage mis à mal par la tempête. Il ne fallut que peu de temps avant qu’un des ancrages saute, que le vent s’engouffre sous l’une des bâche et l’arrache immédiatement. Ce fut dur de regarder la pluie poursuivre le ravage. A quelques heures de travail près, nous aurions posé un pare-pluie et protégé durablement notre paille.
Il fallait garder courage, nous avons perdu du temps et de l’énergie, mais à nombreux nous avons réparé les dégâts. Au bout d’une semaine, l’incident était déjà derrière nous.
Ces après-midis où nous étions tou.te.s sur le toit :
Aujourd’hui, à quelques finitions près, notre toit est terminé ! Nous aménageons l’étage et avons commencé à nous y installer !
Voici maintenant quelques nouvelles plus générales.
En juillet, sous l’effet des pluies fréquentes, les prairies étaient bien fournies. Nous avons vendu l’herbe sur pied à des agriculteurs : ils sont venus faucher, andainer, botteler et ramasser le foin. Dans un avenir proche, nous espérons entretenir les prairies avec nos propres bêtes, mais le moment n’est pas encore venu.
Pour l’instant, nous commençons par agrandir notre cheptel de poules. Avec l’arrivée d’un jeune coq, une couvaison de quatre poussins et l’achat de poules de réformes, nous sommes maintenant à 17 volailles !
Depuis août, Célia et Adrien ont entrepris la construction de leur maisonnette. Les fondations sont en pierre, les murs en paille porteuse. Depuis tout récemment, la maison est meublée, chauffée et Célia et Adrien ont emménagé. Un grand chapeau a nos batisseur.euse.s pour leur courage de mener ces travaux en plus de ceux de la maison !
La mi-août aura aussi été marquée par une grande fête. De nombreux amis ont fait le déplacement. On a joué, dansé, mangé, chanté, on s’est baignés. On a adoré et on a hâte de remettre ça. On en profite pour prévenir qu’une fête aura lieu l’été prochain sur le week-end du samedi 12 au lundi 14 juillet ! On espère que vous serez de la partie !
Début octobre, avec l’aide d’un voisin et sa moissonneuse batteuse, nous avons récolté le sarrasin. Les onze hectares semés ont donné pas loin de six tonnes de récoltes. Un résultat satisfaisant pour une première culture. La récolte a été envoyée en coopérative céréalière pour être séchée et vendue dans la filière de l’alimentation humaine. Malheureusement, elle a été refusée pour motif qu’elle comporte du tartarie (variété de sarrasin). La récolte sera donc probablement vendue pour de la consommation animale.
Ce mois-ci, des vols de grues cendrées passaient au-dessus de nous. Par centaines, elles chantaient et s’organisaient dans les airs, interrompant nos occupations pour nous laisser admirer ce spectacle.
Fin octobre, la Jeune Troupe du Centre Dramatique National de Montluçon est venue présenter, sous la forme d’un cabaret, la programmation 2025 du Théâtre des Îlets. Nous avons aménagé la grange pour faire une petite scène. On les remercie pour leur spectacle. On est ravis que notre lieu puisse déjà recevoir de tels événements et on souhaite que cela continue.
Depuis octobre, nous partageons le quotidien avec Jason, que nous avons eu le plaisir de rencontrer cet été. Il cherche à rejoindre un collectif pour lancer des activités agricoles : maraîchage vivrier, élevage. Jusqu’ici, il semble se plaire parmi nous, on se plaît avec lui, donc on a décidé de continuer comme ça encore un temps. A terme, il pourrait rejoindre notre groupe de manière plus sérieuse !
De novembre à janvier, nous avons accueilli Thelma et Milo, deux amis qui ont profité d’un coin de hangar et de quelques outils pour réaliser un four à pain mobile. On a beaucoup apprécié leur présence et on est contents que notre lieu ait permis cette construction.
En août, les ruches de Célia étaient pleines de miel de sarrasin. Ce sont 80 kg qui furent récoltés, et mis en pot !
Fin septembre, les pieds de houblons étaient en fleurs. Le jour de la récolte, une délicieuse odeur embaumait la grange. Le houblon a été séché et employé pour les brassins de Tiphaine et Ronan.
En novembre, le premier verger a été planté. En tout, 45 pommiers, poiriers et pruniers ont été plantés avec l’aide de nos woofer.euses. D’autres parcelles de fruitiers les compléteront l’automne prochain pour développer l’activité Jus & Cidre prévue par le GAEC.
En décembre, un blé d’hiver a été semé. Les grains ont germé et les semis mesurent aujourd’hui une dizaine de centimètres.
Merci pour votre lecture ! On essaiera de laisser passer moins de temps avant le prochain post. Portez vous bien !
Lucas