Des Nouvelles de la Villederie #2
Comme Alice l’a écrit dans la première lettre, nous attendions donc l’arrivée de notre transporteur à Guzargues pour embarquer une grande partie de nos affaires. Les derniers préparatifs se sont fait sous une pluie battante : charger l’unimog de ses plaques de 400 kg, déplacer nos boites de 700 kg au point de rendez-vous auprès d’une pelleteuse fébrile, remplir nos propres véhicules, remettre à neuf les feux de la caravane, vérifier la pression de nos pneus… Le lendemain, le camion porte engin est arrivé et notre chorégraphie massive a pu démarrer.
À quelques improvisations près, ça s’est passé comme prévu et c’est avec soulagement qu’on a vu les 35 tonnes de poids lourd disparaître dans la garrigue, sur la route d’Assas, direction Budelière ! Ronan, Lucas et Cha(t)pristi ont pris la suite rapidement avec le camping car et pizz’à roulettes, la remorque four à pizza fabriquée par nos brasseurs/boulangers. Célia les a suivis quelques heures après avec son camion pompier puis ce fut le tour du convoi formé d’Adrien avec le ford transit blindé au-delà du raisonnable, et Tiphaine et moi-même avec sa 307 pleine à craquer et ma caravane pimpante. Agathe et Alice restaient derrière avec la tâche délicate de capturer nos trois autres chats (plutôt sauvages). Ronan et Lucas approchaient sérieusement de Clermont-Ferrand quand un pneu de Pizz’à roulettes a explosé sur l’autoroute. Ils ont laissé la remorque sur le parking d’un hôtel (elle a depuis été réparée et ramenée en Creuse) et ils ont pu reprendre la route paisiblement jusqu’à la Villederie. Célia roula sans encombre, en solitaire. Dans la montée de l’escalette, Tiphaine, Adrien et moi avons du nous arrêter, démonter une roue et les plaquettes pour résoudre un problème de frein grippé. Tout s’est bien passé par la suite. Nous sommes arrivés vers 3:00 du matin. L’excitation de l’arrivée était intense ! Ça y est ! Les étoiles étaient magnifiques. Dur dur de trouver le sommeil…
Le lendemain, la fatigue ne semblait pas avoir de prise sur nous. Vers 9:00, notre transporteur a pointé son nez au bout de l’allée. La manœuvre pour rentrer était délicate et très vite la situation a dégénéré : la terre humide s’était transformée en beurre et une roue avant s’est embourbée profondément dans l’accotement. Le camion était coincé. Le tableau continue de s’obscurcir lorsqu’on constate que la pelleteuse ne démarre plus…
Il nous fallait de l’aide !
On s’est présenté précipitamment à nos voisins agriculteurs pour trouver une solution. Tous nous aidèrent généreusement. Jean-Marc fut incontestablement le héros de notre première journée. C’est un colosse creusois. Il est l’ancien fermier de la Villederie. Il apprit rapidement nos mésaventures et arriva avec un gros tracteur pour nous tirer de là. Mais le camion était tellement chargé et empêtré, il n’y avait rien à faire en tirant simplement. Il alla donc chercher son télescopique pour déplacer nos caisses, dégager notre pelleteuse, et enfin soulever le camion (par le pare-buffle !) qui put donc se remettre sur la route. Après quelques heures autour de notre fosse pédologique accidentelle, dans la boue et l’impuissance, notre chargement et notre transporteur étaient saufs ! Merci Jean-Marc !
Alice et Agathe sont arrivées à leur tour et nous avons passé la soirée avec les David, propriétaires de la Villederie. Ce couple d’anciens agriculteurs nous a accueilli dans ce lieu merveilleux, raconté quelques-uns de ses secrets, et enseigné la belote. Le lendemain, iels nous ont laissé les clés. Nos têtes étaient pleines d’effervescences et de rêves.
Nous sommes sous le charme que présente ce coin de nature : ses multiples biotopes, les mammifères sauvages, les insectes colorés, les oiseaux petits et grands, les arbres centenaires, les champignons mystérieux, les prairies appétissantes… Les balades sont superbes et on découvre toujours quelque chose de nos terrains ou du terroir creusois. La possibilité de se raffraichir dans la Tardes promet un printemps fabuleux.
Deux semaines plus tard, nous avons bien acheté la ferme ! Youpi ! On a fait un beau repas avec les David et notre super notaire sous un soleil rayonnant. Nous sommes toutes et tous bien installés. Nous avons déballé notre atelier, fait d’autres aller-retours à Guzargues pour ramener les dernières affaires. On rencontre le voisinage. Concours de belote, marchés, concert, club escalade… Nous sommes toujours bien accueilli.e.s !
L’atelier est presque fini. Les granges sont propres et rangées, l’abri de jardin aussi. Du houblon est déjà planté et le premier brassin est en bouteilles. Le potager est bien implanté aussi. Le moteur de la pelleteuse est démonté, prêt à être surfacé. Le Ford transit est en panne également, la boîte de vitesse est démontée, il faut en racheter une. Le GAEC Volem (la société agricole) est créé. On pense DJA, PAC, CUMA, asso, fauche, agronomie, formation maraîchage, achat de cuve pour la bière… De l’écrire, je me rends compte qu’on n’a pas niaisé !
On organise aussi les chantiers de cet été. On tâche de se mettre d’accord sur quoi faire, comment, avec quel budget, dans quel délai… On va vraisemblablement isoler la toiture et aménager les combles, rénover la cuisine et le salon, faire des ouvertures… si tout cela vous intéresse, venez nous donner un coup de main cet été ! Par ailleurs des fêtes seront organisées les 15 juin et 17 août. Save the dates! On fera la pendaison de crémaillère plus tard.
Jean, pour le groupe.